Lundi 21 Octobre: 10h on débarque à St-Denis, l'accueil est exceptionnel samoussas, bonbons piment et Rhum... Dès notre arrivée on sent que le Grand Raid c'est l'événement majeur de l'île.
Mardi on se fait une petite rando de 3h au Maïdo pour apercevoir une partie du parcours... ça fait un peu peur!!!
Mercredi on va chercher les dossards à St-Pierre... on ne peut plus reculer.
Jeudi on prépare les affaires, vérifie 10x qu'on a tout...on mange des pâtes, on glande un peu.
18h: départ pour St-Pierre avec la navette, la pression monte.
Arrivée à St-Pierre, on mange un peu et on fait la queue pour donner nos sacs de ravito et vérifier notre matos. Je perds Dawed de vue (je ne le verrai plus avant Dimanche matin)
22h30: Départ sur une grande avenue. On annonce 30000 personnes qui crient sur les 5 premiers kms. Après l'ambiance survoltée on sort de la ville pour traverser les champs de canne à sucre. Je trouve ma place dans ce gros peloton.
km 14: on en est à 1h30 de course et déjà 660m de d+ avalé... comme c'est facile.
Mais on commence a trouver quelques passages techniques qui alternent avec des passages roulants et encore pas mal de bitume. Ce qui surprend à ce moment c'est le silence de mort, tout le monde est concentré sur sa course.
La montée jusqu'à Piton sec se passe bien (km35), j'ai l'impression d'avancer sans puiser. Mais à la sortie du ravito la bruine se transforme en grosse pluie. On se fait rincer pour atteindre Piton Textor (km40) il est 4:42. Zut je suis en avance sur ma prévision, donc il fait encore nuit, il pleut et le début de descente est très compliquée. J'assure avec une allure très lente. On retrouve de la route ou des chemins faciles avant Mare à Boue et je retrouve un bon rythme. Mais pendant 5km on est exposé au vent et à la pluie. L'arrivée à Mare à Boue (km50) est irréelle: 200/300 personnes le long de la route à encourager avec des tentes, des abris, des casseroles de riz... Je rejoins le ravito où beaucoup souffrent du froid. Je ne suis pas au mieux. Je repars assez vite. Une longue montée douce avec de la pluie de la boue nous attend, j'ai des supers jambes et je remonte pas mal de coureur. Le chemin devient de + en + technique ou on enchaîne des marches en montant en descendant et sans pouvoir profiter du paysage...ce passage devient long, interminable. On attaque la descente sur Cilaos: attention une petite erreur et c'est l'accident. Je descends prudemment au début et prends confiance ensuite. la pluie cesse on arrive à Mare à Joseph (km61), presque 3h pour 11km!!! Ravitaillement éclair et rejoindre Cilaos est une formalité.
Cilaos (km65) 11h de course...Je retrouve des affaires sèches, je refais le plein du sac, je prends un repas chaud... après 45' d'arrêt c'est reparti pour 1200m de D+
La montée est très belle, la chaleur a remplacée la pluie et en 2h de marche je rejoins le gîte du Piton des neiges à 2478m (le point culminant de notre promenade). Enfin on peut profiter des paysages.
Cette fois c'est 13km descendant (d-1478m) qui m'attendent. Le début est très technique, je suis scotché, la suite va mieux mais les km n'avancent plus. On passe des échelles, des marches, des poutres en bois dans la végétation luxuriante de la forêt de Belouve. Arrivée à Belouve on voit HellBourg dans le trou. Encore 4km pour un petit réconfort: Sophie m'attend. Je rejoins le ravito, les pieds en surchauff après 3h de descente. Le moral est bon on est au km87 (c'est la mi-course) et j'en suis à 16h30 de course. Ces quelques instants me rebooste et je pars en direction du col des fourches (l'entrée dans le cirque de Mafate). L'ascension est longue (d+1400m), avec de belles cascades et quelques franchissements de rivère. Je m'arrête au ravito de plaine des merles à 1km du sommet, je me rhabille et ressorts la lampe (il est 18h30). Mafate et ses chemins escarpés commence, il fait nuit noir, c'est flippant. 1h50 pour faire 5km plutôt descendant...ca va être long.
La lassitude arrive, les chemins sont sans répit, courir paraît mission impossible, donc je marche jusqu'à 3 roches (1h pour 3km).
Prochain objectif Roche Plate, où j'ai prévu de dormir. La nuit est terrifiante on longe des falaises, je suis hyper-attentif. Une blessure à ce moment et c'est l'hélitreuillage assuré. Mais j'ai l'impression que je ne cours plus depuis longtemps...peu importe. J'avance, doucement mais j'avance et les autres ne font pas mieux.
22h45 Roche Plate (km114), je mange et je rejoins la tente avec des lits. Je demande à une bénévole de me réveiller 1h après. Je m'assoupis 30min, ça fait du bien de se déconnecter de la course et de fermer les yeux. Peu après minuit je repars affonter le Maïdo (d+1100) que je gravis à un bon rythme. En haut c'est la folie du monde partout (il est 2h20 du mat'), j'appelle Sophie qui doit venir me voir 13km plus loin. Après 4-5km où j'ai pu recourir sur un chemin en terre très agréable c'est la descente (d-1600m). Elle est peu technique mais les cuisses font mal, et il faut gérer la fin de course. Je passe en mode marche rapide pour ne pas trop souffrir.
Il est 5h11, j'atteints Sans Souci (km133) où Sophie et Jean-Claude m'attendent. On discute en mangeant des crêpes au ravito, je dévore et repart plutôt en forme. Je rejoint Halte Là (6km en 50' un record), je rechange d'affaires et garde mes baskets que j'ai depuis le début après m'être fait soigné une ampoule au stand Podologue. Je zappe le repas chaud, je commence à penser au classement je suis 118è. 5km plus loin je suis 109ème... mais je me rends vite compte de mon erreur d'avoir voulu accélérer . Rejoindre La Possession (km152) est épuisant, ce changement de rythme m'a tué les cuisses. En plus la température monte. Je repars sans jus, pour quasi 2h de torture: le chemin des anglais. Un chemin de 15m de large fais de gros pavé noir posé n'importe comment??? qui monte fort et descend fort sur la fin. Arrivée à Grande Chaloupe (km159), je n'ai aucun doute sur ma capacité à aller au bout mais le coup de moins bien perdure je suis 115ème.
Il reste 13km et une bosse à monter, je rattaque tranquillement sans plaisir mais petit à petit la motivation revient, les jambes ont du répondant et la fin de l'ascension sur Colorado se passe au top, je redouble et personne n'arrive à me suivre. Je m'arrête vite fait au dernier ravito je suis 107ème. Il reste 4km et d-630m. J'attaque la descente la fleur au fusil,à ma grande surprise je retrouve Sophie, j'en reprends 3 (le top 100 est pas loin). Mais après 15 min de descente ça se corse, c'est plus technique, j'ai peur de me faire mal. Je me laisse dépasser pour assurer le passage de la ligne d'arrivée après 39h51 sous une chaleur étouffante. Au final une anecdotique 108ème place soit le même classement qu'à l'UTMB. Les dernières nouvelles de Dawed sont bonnes... malheureusement je n'ai pas le courage de l'attendre pour le voir franchir la ligne.
Grand merci à Ma chérie, pour m'avoir soutenu avant, pendant et après la course.
Merci à Jean-Claude et Lydie, les amis réunionnais qui nous ont accueillis pendant le séjour.
Merci à Dawed pour avoir partager cette aventure avec moi
Merci à tous pour les nombreux messages... avec toute cette pression on ne pouvait qu'aller au bout...
J'espère que ce résumé donnera envie à certains... cette course est impossible à résumer et seul une participation à ce grand raid vous permettra de ressentir cette ambiance...